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Il ne se passe pas une journée, où un patient ne vienne en consultation en introduisant :
- selon qu’il soit confiant de son indication « Je viens vous voir car j’ai une hernie discale L4/L5 ! »
- ou qu’il soit dans le doute quant à sa prise en charge « J’ai une hernie discale, on m’a dit de me faire opérer, je viens voir pour être sur qu’il n’y ait pas d’alternative …»
- ou encore pour les plus angoissés et sur un ton catastrophé « On vient de faire un IRM, c’est confirmé …. j’ai une hernie discale…..je ne pourrai plus vivre comme avant »
« Keep Calm and Carry on » pour reprendre le slogan de la célèbre affiche du gouvernement britannique en 1939, car certes cette fameuse hernie discale est d’une extrême banalité en consultation …mais elle est d’une extrême banalité tout court ! Peut être aussi fréquente que la carrie dentaire … à tel point qu’on retrouve cette « star » des cabinets de chiropractie, chez des personnes ne souffrant d’aucune douleur , ni d’incapacité en rapport avec le dos !
Récemment , une équipe de chercheurs américains, a réalisé une revue systématique (1) de la littérature médicale. C’est à dire que ces scientifiques ont analysé toutes les études publiées sur le sujet, et sont arrivés à la conclusion que les lésions du disque intervertébral ( c’est ce fameux disque situé entre les vertèbres qui peut faire une hernie ) sont présentes en proportion très importante chez des individus asymptomatiques , d’autant plus qu’ils sont âgés.
Chez ces personnes ne souffrant d’AUCUNE douleur, ni incapacité en rapport avec le dos :
- La proportion de disque avec des signes de dégénérescence augmente de 37% chez des personnes de 20 ans à 96% chez des personnes de 80 ans
- La proportion de bulgus discaux (disques globalement distendus) augmente de 30% chez des personnes de 20 ans à 84% chez des personnes de 80 ans
- La proportion d’hernie discale (la fameuse saillie du disque pouvant dans certain cas irriter ou comprimer une racine nerveuse) augmente de 29% chez des jeunes de 20 ans à 43% chez des jeunes de 80 ans.
Retenons que globalement 30 à 40% des adultes n’ayant aucune douleur de dos, ont une hernie discale ! L’hernie discale n’est donc pas nécessairement associée à une souffrance et apparait même être un phénomène rencontré de manière tout à fait « normale » chez l’adulte. Mais alors des questions se posent ….
Si il s’agit d’un phénomène « normal » , le diagnostic par IRM est il inutile ? Non bien sûr ! Votre chiropracteur ou votre médecin sera amené à demander un IRM de votre dos , soit en cas de doute sur l’origine de vos douleurs, soit en cas de signes de souffrance neurologique important. Cependant l’historique de vos douleurs, l’examen clinique réalisé par votre praticien doivent rester les éléments essentiels de votre prise en charge et la prescription d’imagerie ne doit pas être systématique.
Si il s’agit d’un phénomène « normal » , est il alors vraiment besoin de consulter ? Ce qui est normal c’est la présence d’hernie discale chez des individus asymptomatiques. Ce qui n’est pas normal c’est que cette hernie discale devienne responsable de douleurs de dos ou d’une compression neurologique. C’est d’ailleurs pour cela que le patient est ammené à consulter. Votre praticien devra d’abord se poser la question de savoir si votre cas relève d’une intervention chirurgicale ou pas ( petite minorité des cas de compression par hernie discale). Si le traitement conservateur est indiqué il vous proposera une prise en charge découlant de sa stratégie thérapeutique, elles sont multiples.… Une hernie discale peut générer des douleurs pour toutes sortes de raisons que nous développerons dans un prochain billet. D’ailleurs les souffrances du bas du dos, ne sont pas nécessairement en rapport à cette hernie, ou qu’en rapport à cette hernie . D’autre structures peuvent générer de la douleur (muscles , capsules , ligaments, etc .) Enfin Il faut savoir que le disque intervertébral étant un organe très peu vascularisé, une hernie (sans rupture du disque) ne régresse jamais totalement. Si votre hernie discale est vraiment responsable de vos symptômes, notre stratégie consiste alors à chercher à « re-stabiliser » le disque concerné. Notre approche vise à la fois dépressuriser le disque et à favoriser sa vascularisation , mais également à améliorer la stabilité du segment articulaire par une approche fonctionnelle pouvant aller de la tête aux pieds ! L’objectif étant de vous faire réintégrer cette proportion globale de 30 à 40% d’adultes asymptomatiques présentant une hernie discale.
(1) Source Brinjikji et al 2015 http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4464797/